• APRES LE DEBAT : LE VRAI, LE FAUX

    Rue 89 reprend certaines affirmations faites lors du débat entre N. SARKOZY et F. HOLLANDE et vérifie leur justesse. En voici une sélection. (http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/05/03/de-la-zapatera-au-bristol-petits-et-gros-mensonges-du-debat)

    Des faits pour éclairer les discussions avant le 6 mai et donner épaisseur et profondeur aux échanges, qui en manquent bien souvent !

    http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/05/03/de-la-zapatera-au-bristol-petits-et-gros-mensonges-du-debat

     Les émeutes oubliées

    Pour démontrer sa capacité de rassemblement, Nicolas Sarkozy explique qu’il « n’y a jamais eu de violences » pendant son quinquennat : « Il n’y a pas eu de divisions, il n’y a pas eu d’émeutes. »

    En novembre 2007, des émeutes éclataient pourtant à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), après la mort accidentelle de deux jeunes. Et en juillet 2010, des violences éclataient à Grenoble. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy avait prononcé son fameux discours de Grenoble, marquant un tournant sécuritaire dans son quinquennat. F.K.

    Le vrai bilan du chômage

    Nicolas Sarkozy défend son bilan sur l’emploi. Le 26 avril 2007, il promettait pourtant 5% de chômeurs à la fin de son quinquennat :

    « On ne nous demande pas une obligation de moyens, mais une obligation de résultats. Si on s’engage sur 5% de chômeurs et qu’à l’arrivée il y en a 10, c’est qu’il y a un problème […]. C’est un échec, et c’est aux Français d’en tirer les conséquences. »

    L’engagement est tenu durant les deux premières années du quinquennat puisque le taux de chômage décroît, pour représenter 8% de la population en 2007, contre 8,8% l’année précédente, selon les chiffres de l’Insee. Il descend à 7,4% en 2008.

    Mais depuis, les chômeurs sont de plus en plus nombreux, jusqu’à représenter 9,4% de la population active métropolitaine en 2010. C’est toujours le cas fin 2011.

    Au total, en calculant comme le fait Pôle Emploi, c’est-à-dire en incluant les personnes qui exercent un petit boulot, le nombre de demandeurs d’emploi passe de 3,2 millions fin juin 2007 à 4,3 millions fin 2011.

    Un million de demandeurs d’emploi en plus en cinq ans. Pour une durée de recherche qui s’allonge : le nombre des demandeurs inscrits depuis au moins trois ans a bondi – de plus de 22% – en 2011. E.F.

    Le palmarès de la récession

    Comme l’affirmait Nicolas Sarkozy, l’Allemagne et les Etats-Unis ont effectivement été plus touchés par la récession de 2008, comme le montre ce graphique. Mais la reprise de la croissance a été plus rapide dans ces deux pays.

    En revanche, la France a bel et bien été en récession (-2,73% en 2009, selon les données de la Banque mondiale), contrairement à ce qu’avançait Nicolas Sarkozy.

    Les syndicats allemands et la politique

    Pour dénoncer l’appel de la CGT à voter contre lui, Nicolas Sarkozy affirme qu’il « ne viendrait jamais à l’esprit à un syndicat en Allemagne de soutenir un candidat ». François Hollande lui affirme le contraire, le Président insiste : « C’est faux ! »

    Eh non, c’est vrai. En Allemagne, les syndicats sont historiquement proches du SPD, le parti social-démocrate. Lors des législatives de 2009, le puissant syndicat IG Metall avait certes renoncé à donner une consigne de vote – une première –, mais parce qu’il était tiraillé entre le SPD et Die Linke, le futur modèle de notre Front de Gauche... F.K.

    Les heures sup’ et le pouvoir d’achat

    Nicolas Sarkozy explique que la défiscalisation des heures supplémentaires a permis une augmentation du pouvoir d’achat. Les chiffres montrent un bilan plus mitigé.

    Dans une étude de la Dares publiée le 7 juillet 2011, 16% des salariés estiment que les mesures d’allongement du temps de travail ont permis d’augmenter leur revenu, mais 14% déclarent avoir effectué des heures supplémentaires sans compensation (rémunération ou repos). E.F.

    Le prix du gaz

    François Hollande dit que le prix du gaz a augmenté de 60% depuis 2000. Faux... et pire : c’est en fait près de 70%. M.U.

    Le poids des impôts

    La France a la fiscalité la plus lourde d’Europe, dit Nicolas Sarkozy. Il le répète à chaque émission. Et c’est toujours faux.

    Le rapport 2011 de la Commission européenne sur la fiscalité permet de le voir facilement : la France était, en 2011, à la septième place européenne pour son taux de fiscalité rapporté au PIB, loin derrière le Danemark (48,1%), la Suède (46,9%), la Belgique (43,5%), l’Italie (43,1%), la Finlande (43,1%) ou l’Autriche (42,7%). E.F.

    Le nombre de pauvres

    « Plus de pauvres et des riches de plus en plus riches », c’est ce à quoi a mené le quinquennat de Nicolas Sarkozy, selon François Hollande. Le Président rétorque : « Ce n’est pas vrai. »

    Il y a pourtant bel et bien plus de pauvres en France. Plus de onze millions de personnes se trouvent aujourd’hui en situation de pauvreté, selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion de mars 2012. E.F.

    Les chèques aux grandes fortunes

    François Hollande a expliqué que, via le bouclier fiscal, le Trésor Public avait fait des chèques aux grandes fortunes de France. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy disait « non, non ».

    Pourtant, c’est exactement ce qu’il s’est passé. Liliane Bettencourt aurait ainsi touché un chèque de 30 millions d’euros. N.L.B.

    La taxe sur les transactions financières

    Nicolas Sarkozy explique qu’il a inventé la taxe sur les transactions financières en France. François Hollande s’insurge : « Vous avez rétabli l’impôt de Bourse. »

    François Hollande dit vrai. Il s’agit effectivement de rétablir la taxe de 0,3% sur les opérations de Bourse qui existait en France, et qui avait été supprimée en 2008 par Nicolas Sarkozy. Elle avait été considérée comme obsolète.

    Par ailleurs, ce n’est pas une taxe sur « les transactions financières », comme l’annonce Nicolas Sarkozy, puisqu’elle ne concerne pas toutes ces transactions. Les obligations et les opérations de change notamment ne sont pas comprises dans l’assiette de la taxe. E.F.

    La hausse des impôts

    Augmenter les impôts ferait fuir les entreprises de France, craint Nicolas Sarkozy. Il y a pourtant de la marge. L’Etat ouvre depuis quinze ans grand les portes du pays comme aucun autre ne l’a fait.

    Depuis 1996, les investissements étrangers sont totalement libéralisés, sauf pour quelques secteurs sensibles comme la défense.

    Et, aujourd’hui, dans l’industrie, plus d’un salarié sur trois travaille dans une entreprise détenue par des capitaux étrangers. Au total, en France, plus de deux millions de personnes ont un employeur établi hors de nos frontières : un salarié sur sept, alors qu’ils sont un sur dix au Royaume-Uni et un sur vingt aux Etats-Unis. E.F

    L’augmentation de la dette

    François Hollande parle d’une augmentation de la dette publique de 600 milliards d’euros. Nicolas Sarkozy répond qu’il s’agit plutôt de 500 milliards d’euros. Une différence non négligeable.

    C’est plutôt Hollande qui a raison. En cinq ans, de la fin 2006 à la fin 2011, on est passé de 1152,2 milliards d’euros à plus de 1713 milliards. Autrement dit, il s’agit d’une augmentation d’au moins 560 milliards, plus proche de 600 milliards que de 500. E.F.

    L’encadrement des élèves

    Nicolas Sarkozy lance :

    « La France a le taux d’encadrement [le rapport entre le nombre d’enseignants pour cent élèves, ndlr] le plus élevé de l’OCDE. »

    Raté et doublement raté : c’est en fait le plus faible. Il s’élèverait à 6,1, contre neuf dans d’autres pays européens comme la Suède. M.U.

    Le nombre d’enfants en maternelle

    François Hollande dit que seulement 10% des enfants sont encore scolarisés en maternelle, contre 30% au début du quinquennat. C’est peut-être exagéré.

    Selon les chiffres du ministère, le taux de scolarisation de ces derniers est passé de 34,5% en 2000 à 13,6% en 2010. Ce sont les familles défavorisées, qui n’ont pas d’alternative de garde, qui en souffrent le plus.

    Lire à ce propos notre reportage sur la scolarisation des enfants de moins trois ans à Baisieux (Nord). N.L.B.

    Le contrat de génération

    François Hollande a une nouvelle fois mis en avant son « contrat de génération ». Peut-il être efficace ?

    C’est un contrat qui permet à une entreprise d’obtenir des baisses de charges en échange de l’embauche d’un jeune de moins de 25 ans et de l’engagement à conserver un senior jusqu’à son départ en retraite.

    Or, nous avons l’exemple des contrats aidés, pour constater les effets de ce genre de mesure. Et que voit-on ? Des effets d’aubaine. Selon la Dares, la plupart des employeurs ayant signé un contrat aidé avaient de toute façon l’intention d’embaucher : dans le secteur marchand « seuls 10% des employeurs de CIE [contrat initiative emploi, ndlr] et 14% des employeurs de CI-RMA [contrat d’insertion-revenu minimum d’activité, ndlr] considèrent que l’embauche n’aurait pas eu lieu en l’absence de dispositif d’aide à l’emploi » en 2006.

    C’est le risque de ces mesures, notamment en période de crise, qui misent sur la baisse du coût du travail. Nicolas Sarkozy entend lui aussi jouer sur ce levier de la baisse du coût du travail. C’est d’ailleurs un outil récurrent utilisé depuis plus de vingt ans. Avec des résultats en termes de chômage peu convaincants. E.F.

    Une soirée au Bristol

    Les affaires n’ont pas été abordées lors du débat, mais François Hollande a tout de même glissé une petite pique sur les liens entre Nicolas Sarkozy et les donateurs de l’UMP, évoquant une soirée organisée pour les membres du Premier cercle à l’hôtel Bristol. Avec, en invité vedette, Nicolas Sarkozy.

    Le Président a démenti catégoriquement. En décembre 2009, Le Parisien avait pourtant bien offert le récit d’une telle soirée, au Bristol. Nicolas Sarkozy y aurait même réjoui les invités par son humour, par exemple « en mimant l’embonpoint des sénateurs, dans un geste large des mains autour de son ventre ».

    L’intéressé n’a visiblement gardé aucun souvenir de cette petite sauterie, mais une photo prise à la sortie lui rafraîchira peut-être la mémoire. F.K.

    Les nominations

    Nicolas Sarkozy ne manque pas une occasion de rappeler qu’il a nommé le socialiste Didier Migaud à la tête de la Cour des comptes, et réformé le mode de nominations des hauts fonctionnaires et patrons des grandes entreprises publiques.

    C’est vrai – mais en partie uniquement. Grâce à une loi de 2010, les nominations à une cinquantaine de postes (par exemple, la présidence de la SNCF ou de La Poste) doivent être approuvées par les commissions compétentes au Parlement.

    Le pouvoir de blocage des parlementaires est cependant très limité, comme l’avait déjà expliqué Rue89. Les nominations ne sont rejetées que si les voix « contre » réunissent une majorité des 3/5e. Surtout, la liste des postes attribuées sur simple décision du président de la République et sans contrôle reste beaucoup plus longue... F.K.


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